Etats-Unis - Europe: la guerre du jet leg
Jet leg syndrome (thrombose veineuse profonde -TVP- liée à l'avion): c'est ainsi que les Américains l'appellent, mais ils n'y croient pas. L'Air Transport Medicine Committee a fait une revue complète de la littérature sur le sujet. Les auteurs trouvent très peu d'études épidémiologiques ; celles qui existent ne montrent qu'une "tendance" lorsque l'on exclut les sujets déjà à risque avant le vol. Ils estiment que 20% de la population est intrinsèquement à risque thrombotique. Les sujets qui font leur TVP en avion auraient très bien pu la faire ailleurs.
BAGSHAW M. Traveller's thrombosis : a review of deep vein thrombosis associated with travel. Aviat. Space Environ. Med. 20 - 01 ; 72 : 848-51.
Coup de poignard des Français. Les auteurs (du SAMU 93) ont revu tous les cas d'embolie pulmonaire à la sortie des avions entre 1993 et 2000. Pendant cette période, 135,29 millions de passagers sont arrivés à Roissy, et 56 cas d'embolie pulmonaire ont été notés. Muni de cette incidence globale, les auteurs ont eu l'idée de calculer les incidences en fonction des kilomètres parcourus:
- moins de 5.000km : incidence de 0, - 01
pour 1 million
- plus de 5.000km : 1,5
- plus de 10.000km : 4,8.
LAPOSTOLLE F. et coll. Severe pulmonary embolism associated with air travel. N. Engl. J. Med. 20 - 01;345: 828-9.
NDLR. L'établissement d'une relation dose-effet est un élément majeur au sein des critères permettant d'approcher une relation de causalité. Cette étude a un tel poids dans le débat qu'elle a été acceptée par le New England Journal of Medicine. Bravo les collègues !
La diphtérie en Thaïlande
On dispose de peu de données épidémiologiques sur la diphtérie dans les pays en développement. La Thaïlande a instauré un système de surveillance.
Après la mise en place de la vaccination diphtérique en routine (1977) la maladie a chuté de 98%. L'incidence annuelle est actuellement de 0,1 p. 100.000 ; il éclate sporadiquement des cas groupés. En effet, la bactérie continue à circuler, et est régulièrement importée de pays voisins; d'autre part la séroépidémiologie montre que 25% des adultes (20-39 ans) et 14% des adolescents (10-19) n'ont pas d'anticorps protecteurs. Les auteurs concluent que la diphtérie continue à être une menace en Thaïlande.
THARMAPHORNPILAS P. et coll. Diphtheria in Thailand in the 1990's. J. Infect. Dis 20 - 01; 184: 1035-40.
Les mouches et le choléra
Une épidémie de choléra
a éclaté dans un quartier pauvre de Delhi, en
Inde. Les auteurs ont voulu savoir quel rôle pouvait
être joué par les mouches. Ils ont procédé
à des captures de Musca domestica. Sur 10 lots ainsi
constitués, 6 étaient positifs pour V. cholerae:
3 pour Ogawa T2 ElTor, un pour non-O1; deux isolats ne purent
être typés.
La mouche domestique, qui butine aussi bien les excréments
que les aliments, joue donc un rôle, au moins mécanique,
dans les extensions épidémiques de choléra.
Peut-être même constitue-t-elle un réservoir.
FOTEDAR R. Vector potential of houseflies (Musca domestica) in the transmission of Vibrio cholerae in India. Acta Tropica 20 - 01; 78: 31-4.
Pas de chance, pas vacciné
Des infectiologues australiens (Victoria)
se sont livrés à un exercice bien banal: ils
ont étudié rétrospectivement les dossiers
de 232 patients sévères admis pour fièvre
au retour d'une zone tropicale. Le paludisme vient en tête
(27%), suivi des infections respiratoires (24%), des gastroentérites
(14%), de la dengue (8%) et des pneumonies bactériennes
(6%). Rien donc de bien nouveau, si ce n'est une forte présence
de la dengue.
Les auteurs se sont ensuite intéressés aux patients
qu'ils n'auraient pas vu s'ils avaient été vaccinés
avant leur voyage exotique: 11 cas de grippe, 8 de fièvre
typhoïde, 6 d'hépatite A, auxquels il faudrait
ajouter une partie des pneumonies bactériennes (pourcentage
des pneumocoques non disponible). Ce sont donc plus de 10%
des hospitalisations qui auraient pu être évitées
si les voyageurs avaient été dûment vaccinés.
O'BRIEN D. et coll. Fever in returned travelers : review of hospital admission for a 3-year period. Clin. Infect. Dis. 20 - 01 ; 33 : 603-9.