Hépatite A, toxicomanie et voyages
Rien que dans les villes de Stoke et Worcester (West Midlands) on a enregistré officiellement 48 cas d'hépatite A au cours des trois derniers mois. Tous les patients étaient toxicomanes et trois d'entre eux avaient manifestement contracté l'hépatite A lors de récents voyages exotiques. Les autorités locales recommandent de vacciner systématiquement tous les toxicomanes non déjà porteurs d'anticorps anti-VHA.
Hepatitis A and drug misuse in the West Midlands of England. Eurosurveillance Weekly 1999 ; 52.
NDLR. Il est sans doute très pertinent de vacciner
contre l'hépatite A les toxicomanes qui, d'après
les auteurs, vivent dans de très dangereuses conditions
de promiscuité oro-fécale. Mais il serait encore
plus étiologique de vacciner encore plus systématiquement
les voyageurs tropicaux car ce sont eux qui introduisent le
virus dans les communautés réceptives. Rappelons
que cette vaccination des voyageurs connaît en France
une croissance régulière et soutenue (41,1%
des voyageurs tropicaux français, soit une croissance
de 300% au cours des cinq dernières années -
Source : IDEEP).
Enquête internationale sur la tourista
Les données quantitatives et qualitatives internationales sur la diarrhée des voyageurs dataient d'une bonne vingtaine d'années. Une réactualisation a été faite grâce à l'étude TRADIWOW (Worldwide Evaluation of Travelers Diarrhea) qui a analysé les symptômes de 70.000 voyageurs (et les selles de 1.000 d'entre eux !) dans les aéroports et hôtels de 4 pays : Brésil, Jamaïque, Inde et Kenya.
Le taux d'attaque de la tourista est de 54,6% pour le Kenya, de 53,9% pour l'Inde, de 23,6% pour la Jamaïque et de 13,6% pour le Brésil. Ces taux sont très variables selon les hôtels : par exemple, pour la Jamaïque, variant de 0 à 36%. Mais pour chaque hôtel, ce taux reste très stable dans le temps : ce qui fait dire qu'il existe réellement des hôtels dangereux et d'autres qui font des efforts.
Autre résultat étonnant : les Anglais sont beaucoup plus fréquemment et beaucoup plus sévèrement atteints que les autres Européens : les auteurs -suisses- n'ont aucune explication.
STEFFEN R. Causes et incidences
des troubles liés à l'alimentation chez le voyageur.
Colloque du Collège International du Voyage. Paris,
10 décembre 1999.
Médecine aéronautique : turbulences
- Pavé dans la mare jeté par les Danois qui ont analysé les dossiers médicaux de 3.877 personnels navigants de cockpit (pilotes et mécaniciens) depuis 1946. Ces sujets ont été appariés avec la population générale, non soumise aux radiations de la haute atmosphère, puis en utilisant les données du registre national du cancer danois. Chez ces navigants, le risque de cancer tous types confondus s'est avéré multiplié par 1,2 ; celui de leucémie aiguë myéloïde par 5,1 ; celui de cancer cutané par 3,0 (le mélanome n'étant pas pris en compte car l'exposition solaire liée aux séjours exotiques pouvait être un élément de confusion). La barre au-dessus de laquelle les chiffres deviennent significatifs se situe à 5.000 heures de vol.
GUNDESTRUP M. et coll. Radiation-induced acute myeloid leukaemia and other cancers in commercial jet cockpit crew : a population based cohort study. Lancet 1999 ; 354 : 2029-31.
- Les pilotes d'avion de combat (F16) souffrent plus d'arthrose cervicale que leurs collègues -dûment appariés- restant au sol pour assumer des fonctions de contrôle. Ce phénomène pourrait être dû, d'après les auteurs hollandais de l'étude, aux intenses variations gravitationnelles auxquelles les pilotes sont soumis lors des exercices de combat.
Aviation, Space and Environmental Medicine. 1999 ; 70 : 1057-63.
- C'est un fait acquis que les femmes souffrent plus du mal des transports (et du mal de l'air en particulier) que les hommes, mais on ignore pourquoi. L'université de Pennsylvanie a pris comme cobayes ses propres étudiants (leur offrant des "credits" (UV) comme compensation) qui ont bien voulu entrer dans un tambour tournant pendant une heure et munis de divers capteurs. La réactivité gastrique enregistrée fut comparable chez les hommes et chez les femmes mais, encore une fois, l'intensité des symptômes ressentis fut supérieure chez les femmes ; symptômes qui ne furent exprimés par les femmes qu'après la fin de l'épreuve alors que les hommes atteints se plaignirent très rapidement et exigèrent une immédiate sortie d'essai.
Aviation, Space and Environmental Medicine. 1999 ; 70 ; 962-5.