Attention : aucune personne n’est à l’abri d’un problème sanitaire. Il va falloir avoir du bon sens, faire ce qu’il faut en se gardant de trop en faire. Il y a un double écueil : minimiser les risques ou les exagérer.
C’est possible et souhaitable. Le
paludisme est la première maladie parasitaire mondiale : 2,1
millions de morts par an. Il est présent sur toute la "ceinture
de pauvreté", du globe, et d’autant plus que le pays est plus
chaud, plus humide et plus pauvre.
Beaucoup de bêtises et de légendes
sont colportées sur le paludisme. On remise tout cela aux oubliettes ,
et on lit avec d’autant plus d’attention ce qui suit.
Le paludisme est devenu un problème
extrêmement complexe et, de plus, considérablement mouvant. La
prévention et le traitement du paludisme d’aujourd’hui n’ont plus grand
chose à voir avec ceux du palu de 1980. Et cela continue.
Il y a 20 ans, tout était plus
simple : il suffisait de prendre correctement sa chloroquine
(Nivaquine) pour se permettre d’ignorer le problème. Aujourd’hui,
l’agent du paludisme grave (Plasmodium Falciparum) est devenu résistant
à ce médicament dans la quasi-totalité des pays infestés.
Actuellement, il n’existe aucun
médicament capable de conférer une protection absolue contre le
paludisme. C’est pourquoi, il importe tout d’abord de diminuer le
nombre de piqûres de moustiques, en particulier dès que le soleil
commence à baisser.
Ces précautions constituent la
première ligne de défense du voyageur contre le paludisme ; compte
tenu de l’actuelle agressivité du parasite, autant dire qu’elles sont
vitales. Pendant que le soleil est bien levé, on peut relâcher sa
vigilance, les moustiques transmettant le paludisme ne piquent que le
soir et la nuit.
Utiliser à bon escient des médicaments
anti-paludiques : voici le schéma thérapeutique qui paraît le plus
adapté aujourd’hui pour les séjours dans des pays où la résistance est
présente :
En cas de fièvre survenant après 7 jours de séjour (car avant il ne peut pas s’agir d’un paludisme) :
Consultez un médecin dès que possible,
et le vôtre dès le retour.
Ces schémas de traitement sont donnés
à titre indicatif pour l’adulte sans problème particulier, aussi bien
pour les produits à utiliser que pour leurs doses : une adaptation
est nécessaire pour l’enfant, la femme enceinte ou susceptible de
l’être, etc…
NB : le risque de paludisme grave subsiste en pratique pendant les 3 mois qui suivent le retour.
En résumé : problème complexe, sous la seule responsabilité du médecin qui fera le choix le plus adapté en fonction du lieu dans lequel vous vous rendez, de la durée du séjour, de votre sexe, de votre âge, de vos antécédents médicaux, etc… Donc, pas d’automédication à titre préventif en matière de paludisme.
Il y a, en fait, pour le voyageur,
deux types de paludisme et deux types de parasites : le plus
fréquent, celui qui tue (Plasmodium falciparum) mais ne subsiste pas
longtemps dans l’organisme (maximum 3 mois) et ceux qui ne tuent pas,
rendent seulement malade mais peuvent vivre, en revanche, beaucoup plus
longtemps dans l’organisme. Tout ce qui est détaillé ci-dessus concerne
le paludisme qui tue. Si vous attrapez l’autre, on verra tranquillement
le problème après le retour.
Sauf raison impérieuse, un enfant en
bas-âge ou une femme enceinte ne devraient pas voyager en zone
impaludée. Pendant le grossesse, le tourisme éventuel devrait se faire
ailleurs. Le paludisme chez une femme enceinte est dramatique pour le
fétus et beaucoup de médicaments anti-paludiques lui sont de plus
interdits.
Ce n’est pas la peine de jouer
au gringo qui va jusqu’à faire bouillir pendant une heure le verre
d’eau avec lequel il va se laver les dents. D’ailleurs, c’est lui qui
déglutira le Coca-Cola made in USA payé à prix d’or, bien rafraîchi par
des glaçons bourrés de colibacilles et de salmonelles.
Ce n’est pas non plus la peine de
jouer les héros en buvant l’eau d’un marigot (typhoïde, shigellose,
hépatite A, amibiase…).
En pratique :
Quoi qu’il en soit, il faut boire beaucoup, plusieurs litres par jour, sinon il y a risque de déshydratation, de colique néphrétique (les urines, trop concentrées, précipitent en cristaux qui bloquent les reins). S’il fait vraiment très chaud et très sec (désert), il faut non seulement apporter de l’eau mais aussi du sel : sursaler son alimentation, ou au besoin, avaler régulièrement quelques pilules de sel avec de grandes quantités d’eau.
Les crudités posent un réel
problème, pouvant être souillées par ce que nous appellerons
pudiquement "l’engrais humain". On peut donc attraper avec
elles toutes les maladies de l’eau souillée décrites préalablement.
Ceci s’applique bien sûr aux légumes qui n’ont pas une peau ou écorce
protectrice : salade, carottes crues, tomates, etc… Pas de
problème pour l’avocat, le melon…
Alors que faire ?
Le conseil de l’OMS pour les fruits et les légumes : "pelez, faites bouillir, cuisez ou laissez"
Les viandes ne posent pas trop de problèmes. Il suffit de s’assurer qu’elles ne sont pas trop faisandées et surtout qu’elles sont bien cuites et servies bien fumantes. L’idéal est un ragoût. Sur le plan sanitaire, c’est le mouton qui pose le moins de problème, et le porc qui en pose le plus.
Les poissons de rivière ne posent pas de problème s’ils sont frais. Pour les poissons des mers tropicales, le principal risque est la ciguatera (ichtyosarcotoxisme) encore appelée "gratte" : certains poissons tropicaux contiennent dans leur chair une toxine qui entraîne, immédiatement après l’ingestion, au minimum des démangeaisons, au maximum des chutes de tension pouvant être graves.
Les coquillages : sauf s’ils viennent d’une mer bleue et claire, loin de toute ville et de toute pollution, et si les habitants les consomment, il faut les éviter : n’oubliez pas que, même en Europe, on prend de grandes précautions et que chaque année le ramassage des coquillages est interdit sur certaines de nos côtes.
Dernier point, qui est peut être le
plus important : avant toute manipulation d’aliment, se laver les
mains au savon de Marseille, ongles courts.
Enfin,ne prenez pas de médicaments antiseptiques
voire antibiotiques.Vous ne feriez que fragiliser votre flore
intestinale qui laissera le champ libre aux bactéries dangereuses.
Ne pas oublier que, si une boisson peut être
stérile, le verre ne l’est pas, le laver avec une eau propre, ou bien
boire à la bouteille. Pensez aussi aux glaçons, qui ne sont sûrement
pas faits avec une eau parfaitement potable.
Pas de baignade en eau douce chaude et
stagnante : risque de bilharziose et autres parasitoses. En
revanche, on peut se baigner au milieu d’un fleuve à grand débit car
les parasites et leurs vecteurs ne prolifèrent qu’en eau calme (à
partir d’un bateau ou d’une jetée : car sinon, il faut revenir sur
la berge en marchant dans l’eau du bord qui est à faible débit et donc
à risque).
Attention cependant aux crocodiles, piranhas…
Si on s’est baigné dans une eau stagnante,
volontairement ou involontairement, il faut, dès la sortie, s’essuyer
vigoureusement et surtout ne pas laisser sécher : c’est lors du
séchage que certains parasites pénètrent dans la peau. Et pas de
panique : aujourd’hui, la bilharziose se soigne très bien, sans
aucun risque ni effet secondaire.
En mer, il n’y a quasiment pas de risque
infectieux : les risques ici s’appellent vives, méduses,
physalies, poissons-pierre, coraux… et aussi courants, barres, requins,
murènes… se renseigner.
Enfin, si l’on se fait bronzer sur une plage
également fréquentée par des chiens, on peut attraper un de leurs
parasites : c’est ce que l’on appelle la "larva
migrans". Un petit "ver" viendra se balader sous
votre peau : c’est impressionnant mais ce n’est pas bien grave. En
tout état de cause, mieux vaut choisir pour buller une plage propre,
bien sauvage, pas trop fréquentée par les chiens et s’allonger sur une
natte. Mieux vaut également marcher en chaussures sur les plages
tropicales.
Il ne faut pas hésiter à se protéger comme les
touaregs, avec des vêtements recouvrant tout le corps.
Et aussi, un chapeau, des lunettes de soleil
filtrant les UV, et des crèmes de protection solaire d’indice maximal.
On doit être d’autant plus vigilant que l’on a une
peau plus claire. Attention : la prudence la plus extrême est de
mise si vous prenez certains médicaments (ils sont nombreux) qui font
mauvais ménage avec les rayons ultraviolets : protection maximale.
En cas de morsure de serpent, bien qu’il s’agisse
d’une situation stressante, il faut essayer de garder la tête froide.
Pas de sérum antivenimeux en-dehors d’un hôpital,
on l’a vu.
Pas d’incision, de succion : cela ne sert à
rien et peu même compliquer les choses sur le plan local.
Eventuellement, mettre un garot, pas trop serré,
desserré au moins une fois par demi-heure, et laissé au maximum 6
heures. Se rendre au centre médical le plus proche, sans affolement. Il
n’y a rien d’autre à faire par soi-même. Certains croient aux vertus de
la "pierre noire" partout disponible là où sont passés les
Pères Blancs : c’est sans preuve scientifique, mais pourquoi
pas ? Les pompes aspirantes manuelles type ASPI-VENIN ou EXTRACTOR
sont sans doute utiles.
Certaines personnes allergiques peuvent mourir de leur piqûre. Si vous avez des raisons de penser que vous êtes allergique, si vous avez déjà fait des réactions anormalement importantes après une piqûre de guêpe ou d’abeille, signalez-le à votre médecin avant le départ ; il pourra vous prescrire des médicaments qui seront susceptibles de vous sauver la vie le moment venu. Dans les autres cas, la piqûre est certes douloureuse mais banale : ne rien faire. Attendre que cela passe.
Dans certaines régions tropicales (Centrafrique, Guyane par exemple), ces charmants insectes peuvent transformer votre séjour en un cuisant cauchemar : c’est ce que l’on appelle la papillonite. Au cours de leurs battements d’ailes, certains papillons tropicaux répandent des micro-fléchettes porteuses de substances toxiques : le contact cutané avec ces substances entraîne des lésions très rouges et douloureuses, cuisantes comme une brûlure. Il n’y a pas de complication dangereuse possible, mais il n’y a pas non plus de traitement efficace. La lésion peut durer une bonne quinzaine de jours.
Dans les pays où sévit la papillonite, il faut éviter :
Se protéger des insectes porteurs du paludisme, c’est aussi se protéger d’un grand nombre de maladies transmises par les petits insectes volants. Pour certaines maladies comme la dengue, il faudra se protéger aussi le jour.
Les contacts avec tous les animaux sont à éviter,
aussi sympathiques puissent-ils paraître. Qu’il s’agisse des chiens,
des singes, des oiseaux ou de tout autre, longue est la liste des
maladies qu’ils peuvent transmettre à l’homme.
On portera une attention toute particulière aux
enfants, naturellement attirés par les animaux.
La sexualité oui mais il faut se proteger
contre toute maladie infectueuse,en se protegeant avec un préservatif
D’autant que l’on évite en même temps la
blennorragie, la syphilis, le chancre mou, l’herpès, les chlamydioses,
les crêtes de coq, etc… Pour le prix d’un bout de latex, c’est
rentable.
Le SIDA est aujourd’hui une maladie répandue sur
toute la surface du globe, y compris dans les endroits reculés. Il faut
emporter avec soi des préservatifs car ils ne sont pas partout
disponibles et leur qualité n’est pas aussi bien contrôlée qu’en
Europe.
A ce propos, rappelons quelques notions
importantes :
Attention enfin aux tatoueurs, perceurs d’oreilles, barbiers…