Ciguatera
Ciguatera ou icthyosarcotoxisme, ou "gratte" (popul.) : intoxication humaine liée à l'ingestion de poissons pêchés aux abords des récifs tropicaux ou subtropicaux.
Origine de la ciguatera
- Destruction de colonies coralliennes. Colonisation de leur squelette par des microalgues.
- Prolifération d'une algue mono-cellulaire toxino-productrice ingérée par les poissons.
- Ces poissons sont ingérés par les poissons carnivores, de plus en plus gros et voraces : accumulation de la toxine.
- Ingestion humaine, fin de chaîne alimentaire.
Répartition géographique
- Il y a risque dans toutes les mers et océans chauds (20°C) entre 30° lat. nord et 30° lat. sud, et d’autant plus que des zones coralliennes sont proches (mais attention, certains poissons font parfois des migrations sur de très longues distances)
- Zones de haute fréquence : carte ci-dessus.
- Augmentation globale mondiale régulière semble-t-il.
Tableau clinique
- Les troubles débutent 1 à 6 heures après l'ingestion du poisson contaminé (extrêmes : 10 min-36h).
- Le tableau, évolutif, riche et polymorphe, associe diversement trois syndromes et des manifestations générales.
- Syndrome digestif : nausées, vomissements, diarrhée.
- Syndrome neurologique (95% des cas) : paresthésies, dysesthésies et confusions froid/chaud, hyperesthésies, arthro-myalgies, douleurs gingivo-dentaires, vertiges, parésies, paralysies.
- Syndrome cardio-vasculaire : bradycardie, hypotension artérielle.
- Manifestations générales : hypersalivation ou bouche sèche (précoce), prurit (50%), sueurs, frilosité, oligurie, déshydratation, asthénie ; érythème (retardé : 2ème jour).
- Létalité : selon les études et les pays : 0,1 à 2%. Ailleurs, guérison spontanée en une à plusieurs semaines.
Diagnostic
- Il repose sur la notion de consommation récente de poisson en zone inter- ou sub-tropicale.
- Les cas groupés fréquents.
- Le diagnostic est exclusivement clinique, aucun examen para-clinique n’étant disponible à ce jour.
Traitement
Il n'existe pas d'antidote spécifique : le traitement est purement symptomatique, avec si besoins est :
- traitement d'un collapsus cardio-vasculaire, d'un arrêt respiratoire
- réanimation hydroélectrolytique
- atropine en cas de bradycardie
- anti-histaminiques pour le prurit (efficacité inconstante, voire contestée)
- éviter boissons alcoolisées
- vitaminothérapie B ou placebo.
Prévention
Soit s'abstenir de toute consommation de poisson dans les zones à risque, ou se contenter de manger des petits poissons herbivores ; sinon tenter de diminuer le risque en tenant compte des éléments suivants :
- Le risque ciguatérique est augmenté d'autant plus que le poisson est :
- plus gros
- plus âgé
- plus hideux
- plus carnivore
- Quelques poissons sont particulièrement à risque : barracuda, baliste, mérou, mulet, perroquet, poisson chirurgien, requin
- Ne manger de poisson que si formellement identifié comme non ciguatérique par les pêcheurs, restaurateurs ou consommateurs locaux (encore que ces expertises aient été prises en défaut dans de récentes publications)
- Test populaire (non infaillible, non vérifié scientifiquement et peu politiquement correct) : faire ingérer une partie du poisson à un animal domestique (chien, chat, poulet) et attendre d'éventuels symptômes
Dans tous les cas, ne jamais manger les viscères, le foie, la tête des poissons dans les zones à risque.
Enfin, bien noter que cuire le poisson ne diminue en aucun cas le risque, les toxines étant thermostable.
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